plus que quelques instants avant la magie..
Il balaye les formes de l'original, le soumet à un traitement, le mitraille, le découpe en lignes fictives. L'intervention se fait par à-coups. Par saccades. Seul l'étroit trait de lumière qui se faufile sous le bloc mobile et le vieux gémissement du robot nous accusent de l'avancement du procédé. La transformation du vrai en pixel. Une réplique exacte mais dans une autre dimension. Un détournement d'objet, un détournement d'espace.
J'ai toujours aimé jouer avec mon scanner. En école d'art, déjà, je m'amusais à numériser tout ce que je pouvais ramasser.
Il m'arrivait ensuite de les imprimer pour les coller dans mes carnets de croquis, de repeindre par-dessus avec de l'aquarelle, d'écrire, de scanner, rescanner, découper, recoller ou de tout simplement accepter le hasard survenu lors de la reproduction numérique et de laisser l'imitation vivre sans autre artifice.
Cette simple lampe, sur son bloc mobile, qui balaye frénétiquement sa surface vitrée représentait pour moi bien plus qu'un banal photocopieur. C'était une manière de faire passer, d'infiltrer les "bidules banals" du quotidien de l'autre côté. J'ouvrais le clapet du scanner comme on ouvre une porte vers un autre monde. La porte entre le réel et le numérique.
Et, bien souvent, ces bidules détournés par l'écrasement des parois se révélaient être bien plus intéressants que dans leurs états naturels.
Tenez, essayez avec des tranches de fruits, des feuilles, des fleurs séchées, des papiers froissés ou de la soie qui se plisse.
Scanner c'est faire passer de l'autre côté.
- fin -
(merci pour votre visite et vos commentaires !)